Le Projet TDH-PASOCAP
Contexte et bénéficiaires
Étant l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, la Bolivie se voit confrontée à un certain nombre de problèmes : mortalité infantile, travail des enfants, difficultés à accéder à l’éducation dans les zones rurales, etc. L’Organisation International du Travail estime que l’extrême pauvreté a augmenté de 20 % dans le monde en raison du covid-19, avec pour conséquence une augmentation des enfants exploités dans les pires formes de travail. La Bolivie est l’un des pays les plus touchés par cette dynamique mondiale et le présent projet se situe dans la région Potosi, une des régions les plus affectées par l’extraction minière.
Ce projet tient en son cœur la protection de 550 enfants, adolescents et jeunes travailleurs par le centre éducatif. Mais il touche de manière directe 100 parents, 200 enseignants et plusieurs membres des communautés et autorités locales. En plus des bénéficiaires directs, environ 10’000 personnes, dont 6’000 enfants et jeunes, sont touchées de manière indirecte par la communication de l’association PASOCAP.
Les objectifs du projet
Ce projet porte sur la réduction des formes d’exploitation causant préjudice au développement psychique et physique de l’enfant, et il se décompose en 3 objectifs :
Objectif Spécifique 1: prévenir l’exploitation des enfants, la maltraitance, la discrimination ou toute autre forme de violence à leur égard
Objectif Spécifique 2: intégrer et maintenir les enfants travailleurs au sein d’une éducation de qualité et adaptée à leurs besoins
Objectif Spécifique 3: améliorer les politiques publiques concernant le système de protection, de santé et d’éducation des enfants au niveau municipal et départemental.
concrètement ça signifie que ...
=> Les enfants et les adolescents travailleurs sont formés quant à leurs droits et s’entraident. Les familles des enfants ainsi que les enseignants connaissent les droits des enfants et les protègent de la violence et de l’exploitation.
=> La population des communes du projet sont sensibilisées aux problématiques de l’exploitation et prennent part à des campagnes de prévention.
=> Les enfants travailleurs sont accompagnés de manière personnalisée dans leur cursus éducatif.
=> Les adolescents et les jeunes achèvent une formation technique leur permettant de commercialiser leur propre production.
=> Les adolescents et les jeunes obtiennent leur diplôme d’études secondaires leur permettant d’accéder aux études supérieures.
=> Les enfants et jeunes acteurs de changements, leaders de syndicats ou d’organisation de base maîtrisent les processus et protocoles de l’administration publique afin de proposer des améliorations.
=> Des initiatives de politiques publiques pour les enfants travailleurs sont déposées et appliquées.
Les conséquences du travail dans les mines
Les conséquences des descentes dans les mines sont multiples, mais le rôle le plus néfaste qu’elles jouent est sur la santé. Et surtout pour les enfants ayant un âge trop tendre. On a remarqué que les enfants de 8-9 ans ne passaient pas plus de 2-3 ans, sans être atteint de rachitisme, sans s’étioler (devenir chétif, pâle, dépérir) ou sans que leur constitution fut complètement détériorée, leur colonne vertébrale définitivement courbée et leur capacité thoracique diminuée. Diverses maladies sont aussi provoquées par le travail dans les mines, à savoir :
– L’ankylostomiase, qui rend le mineur de plus en plus faible malgré le nombre de forces qu’il peut prendre. Cette maladie provient du fait que des vers s’accrochent aux intestins pour sucer le sang des personnes qui en sont atteintes et qui provoquent par la suite des hémorragies anémiantes.
– Le nystagmins, qui touche les muscles de l’œil et qui est dû à l’insuffisance d’éclairage.
– La silicose, qui est due aux poussières de silice qui se fixent dans les tissus pulmonaires, diminuant peu à peu les possibilités respiratoires; la personne qui est alors atteint de cette maladie, vit dans la peur permanente de l’asphyxie
Témoignages
Carlos et Jhenry travaillent à la mine de Potosí, en Bolivie, depuis qu’ils ont 14 ans. Tous deux fils d’un père absent, ils doivent subvenir aux besoins de leur famille.
A 17 ans, Carlos a déjà suffisamment travaillé pour être un véritable professionnel. « Tu vas voir le chef pour lui demander de travailler parce que tu as besoin d’argent. Et il t’accepte, même si tu as dix ans ».
Les deux frères continuent d’étudier quand ils ne travaillent pas « Ma mère voulait surtout que j’étudie mais on ne s’en sortait pas. Au début, ça ne me dérangeait pas. J’étais curieux », se rappelle-t-il. « Aujourd’hui, ça ne me plait plus du tout. Si je pouvais, je travaillerais moins pour étudier plus. »
En ce moment, Carlos travaille à la mine de 9 heures à midi, puis va à l’école jusqu’à 18 heures avant de retourner travailler jusqu’à 23 heures. Un rythme de vie presque normal pour les enfants de Potosí. Dans sa classe, plus de la moitié des élèves travaillent sur le Cerro Rico. « C’est fatiguant et très dangereux la mine », explique-t-il.
Les deux jeunes hommes ont chacun connu des mineurs décédés des suites d’un accident dans les profondeurs de la mine. Le rêve des garçons : se libérer des entrailles du Cerro et trouver un travail décent. « Mais pour changer de vie, il me faut de l’argent. Pour l’instant, je n’arrive pas à économiser » glisse Jhenry. Son souhait le plus cher reste que son fils parvienne à se libérer du schéma familial « Je veux qu’il étudie pour avoir un bon travail ».